top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurStéphane Le Colas

Ayurvéda et Maladies Chroniques


Ayurveda chronique

L’Ayurvéda ne classifie pas les maladies comme la médecine conventionnelle occidentale. Il n’est pas mention de maladies chroniques ou aigües.


Ayurvéda et Médecine Conventionnelle

Malgré sa richesse, l'Ayurvéda présente un inconvénient pour nous, occidentaux : elle se base sur des connaissances très différentes de celles de la médecine que nous connaissons. Premièrement, il s’agit d’un système holistique : l'Ayurvéda étudie l’individu dans sa globalité, c’est à dire son état physique, psychologique, émotionnel et même spirituel. Notre médecine conventionnelle reste, elle, principalement concernée par des parties de l’organisme.

En quelque sorte, l'Ayurvéda commence par étudier les propriétés de l'organisme entier, puis passe par des sous-systèmes de plus en plus petits (Doshas, sous-Doshas, …). La médecine conventionnelle, au contraire, considère que pour articuler correctement les théories de cause à effet, les plus petits composants doivent être considérés comme les plus importants, ces plus petites structures servant de base à la construction des plus grandes.

Nous obtenons ainsi deux points de vue complémentaires : l'un centrée sur l’individu dans


son ensemble en tant que système fondamentalement « intégratif », l'autre considérant que les molécules inanimées et les structures supramoléculaires sont de première importance. Il est donc compréhensible qu’il peut être difficile de faire correspondre l’une à l’autre ces deux conceptions très différentes de l'organisme et de la vie elle-même.

L’Ayurvéda peut intriguer ceux qui sont habitués à une certaine rigueur cartésienne : comment peut-elle aboutir à un exposé cohérent de la physiologie humaine, difficilement compréhensible en terme de science médicale moderne ? Surtout lorsque l’on constate que les traitements de base de l’Ayurvéda sont généralement très efficaces dans le cas de maladies chroniques.

Pour répondre à cette question, les questions centrales à se poser sont donc, premièrement, « Comment les concepts fondamentaux de l'Ayurvéda peuvent-ils être traduits dans la terminologie médicale conventionnelle ? » et, deuxièmement, « Une fois cela fait, ces traductions reflèteraient-elles encore une certaine intégralité ? ».

L'Ayurvéda et les Maladies Chroniques

Selon ses propres termes, l'Ayurvéda pratiquée de manière experte peut être très efficace dans les cas de maladies chroniques à condition que la théorie étiologique soit solide. Cette


théorie est basée sur le concept de Tridosha (les humeurs biologiques, énergies, que sont Vata, Pitta et Kapha), le rôle de ces Doshas dans le fonctionnement des systèmes, des sous-systèmes et des organes, ainsi que la séquence des processus qui a lieu lorsque les Doshas sont déséquilibrés (Shad Kriya Kala, les six étapes de la progression de la maladie). Ce concept de Tridosha est le point clé qui permet à l’Ayurvéda de s'attaquer aux maladies chroniques.

La raison pour laquelle la médecine conventionnelle n’arrive pas toujours à traiter les maladies chroniques aussi efficacement que l'Ayurvéda réside dans son manque de structures de connaissances équivalentes au Tridosha et au Shad Kriya Kala. Si ce manque était comblé, la médecine conventionnelle ferait toujours au moins aussi bien, à condition d'adopter également les diagnostics et les approches de traitement ayurvédiques. C'est l'ensemble du système qui doit être suivi, et non certains de ses éléments pris isolément. C'est pourquoi l’ensemble de la structure du Tridosha doit être étudiée. Que cela nous révèle-t-il exactement ?



Ce que Nous Révèle l’Ayurvéda

Avant de poursuivre, nous devons être prudents. Meulenbeld, un grand spécialiste néerlandais de l'Ayurvéda, affirme que nous ne devrions même pas tenter de traduire les concepts ayurvédiques en termes scientifiques, au risque de les dégrader. Ainsi, l'Ayurvéda doit à tout prix se voir accorder sa propre intégrité. On ne devrait pas expliquer ses caractéristiques en termes réductionnistes, car cela reviendrait à les assimiler à des parties et nous perdrions alors le concept d’intégralité.

Nous ne devrions pas essayer de définir les concepts ayurvédiques en termes de terminologie médicale moderne. Chaque terme ayurvédique transcende les limites des différents domaines de la science moderne. En Ayurvéda, le même terme peut s'appliquer à une variété déconcertante de domaines (le terme Prana par exemple). C'est parfois à nous d’élucider ces termes, d'établir leurs liens et de montrer que ce qui nous peut sembler de prime abord inhabituel est en fait tout à fait naturel compte tenu de la complexité des interactions inter-systèmes.


Attardons-nous sur les Doshas. Ceux-ci sont apparemment des concepts très génériques : l'Ayurvéda les applique aussi aux animaux non-humains (il existe des vétérinaires ayurvédiques). Les Doshas constituent les propriétés universelles des organismes du règne animal. Certaines personnes appliquent même le concept de Tridosha aux plantes, ainsi qu’à leurs maladies. Les Doshas constituraient ainsi les propriétés systémiques de chaque organisme, présentes dans les cellules originelles. L'intérêt de considérer les Doshas en tant que propriétés systémiques est qu’il s’agit là d’un concept intrinsèquement holistique. L'idée que l'Ayurvéda décrit de manière inhérente la fonction holistique des organismes vivants est donc maintenue.

Cette approche s'étend facilement aux sous-Doshas et elle est nécessaire pour comprendre les 6 étapes de la progression de la maladie. Elle s'articule autour des éléments suivants : le déséquilibre des Doshas se produit lorsque l'organisme est confronté à un stress trop important, et un organisme ne peut répondre à ce stress qu'en se transformant. Les théories portant sur la régulation des systèmes sont donc au cœur de la compréhension des déséquilibres doshiques.

Cette régulation des systèmes est évidemment liée à ce que nous connaissons des Doshas.


L'efficacité et la compétitivité des organismes nécessitent de réguler toutes les fonctions fondamentales : toutes les fonctions systémiques associées aux Doshas doivent être étroitement régulées. De même, les sous-Doshas deviennent liés à la régulation des sous-systèmes. L'image suivante apparaît : au fur et à mesure de l'évolution et du développement d'organismes de plus en plus complexes, leurs systèmes de régulation ont également dû évoluer afin de réguler des sous-systèmes eux aussi de plus en plus complexes.

Ainsi, le concept de Tridosha de l'Ayurvéda, un système de régulation constitué initialement d’une seule cellule, s'est progressivement développé pour se transformer en nos Doshas, sous-Doshas et autres sous-structures, capables de réguler des organismes de plus en plus complexes. Sans leurs systèmes de régulation, les organismes concernés n'auraient pas été viables. L'évolution des organismes et de leurs systèmes de régulation est donc irrévocablement liée. L'évolution des systèmes de régulation, que la science médicale moderne a quelque peu négligé, est en fait la clé de l'évolution elle-même. Elle fait partie de la complexité de la Vie.

D’importantes théories ont cependant émergé des études menées sur cette complexité.


L'une d'entre elles suggère que les environnements complexes et la compétition induisent la mise en place de stratégies de contrôle très inhabituelles chez des agents concurrents. La structure de leurs systèmes de régulation s’enrichit et ceux-ci deviennent capables de modéliser leurs environnements. Une structure hiérarchique se met alors en place entre les systèmes de régulation, ce qui est intrinsèquement holistique.

Ces structures de régulation holistiques et hiérarchiques sont donc tout à fait naturelles. L'évolution dictée par la complexité a transformé chaque Dosha originel en une hiérarchie de processus de régulation connectés, chaque couche étant chargée de guider celle qui se trouve en dessous (c’est le cas, par exemple, des processus en jeu dans l'axe psycho-neuro-endocrinien).

Une telle structure ne peut être réduite à ses composants individuels sans perdre sa fonction essentielle, interconnectée. Une fois de plus, afin de comprendre les concepts fondamentaux de l'Ayurvéda, nous avons eu recours à une structure holistique. La nature holistique de l'Ayurvéda n'est donc pas remise en cause.

Le concept central de déséquilibre des Doshas dans le processus de maladie implique donc un échec de la fonction des systèmes hiérarchiques de régulation.



Conclusion

Les idées présentées ci-dessus doivent être complétées par d’autres recherches. Ce qui a été fait avec la théorie du Tridosha devrait aussi se prolonger et inclure d'autres concepts fondamentaux de l'Ayurvéda, comme les 5 Mahabhutas, les 7 Dhatus et les 13 Agnis.

Les sciences médicales modernes sont de plus en plus orientées systèmes. L'analyse des processus de régulation et d'information joue un rôle de plus en plus important dans la compréhension du cœur de la fonction biologique. La compréhension de l'Ayurvéda qui se dessine est entièrement compatible avec les orientations prises par la biologie moderne.

Avec la promesse d’une compréhension plus profonde de l’Ayurvéda et de sa complémentarité avec la médecine moderne, est venu le temps d'explorer la pratique intégrative de l'Ayurvéda dans le traitement des maladies chroniques.

Alors que jusqu’à présent le monde de la médecine conventionnelle s’enfermait dans une vision où le mieux qu'il pouvait faire pour gérer les maladies chroniques était de laisser les personnes languir dans la douleur et la misère des soins chroniques, l'Ayurvéda, ou le Yoga et les autres systèmes traditionnels, apparaissent comme des pistes intéressantes à explorer.



122 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
Post: Blog2_Post
bottom of page